A l’occasion des 30 ans du cabinet EURALIA, le cabinet organise différents évènements visant à échanger sur différents aspects du métier de conseil en affaires publiques.
Premier évènement : l’organisation d’un webinaire, jeudi 26 janvier, intitulé « Comprendre la digitalisation des affaires publiques », organisé en partenariat avec la plateforme digitale innovante Dixit.
Une quarantaine de participants s’est réunie autour de Mathilde Bonvillain-Serrault, Managing partner chez EURALIA, et Robin Osmont, Co-fondateur de Dixit, pour partager leurs réflexions sur ce sujet d’actualité.
Il y a une distinction à opérer entre les outils numériques en soutien aux activités des professionnels des affaires publiques et l’utilisation de la sphère digitale comme lieu et levier d’influence, estime Mathilde BONVILLAIN-SERRAULT.
Le contexte a profondément évolué ces dernières années, notamment en raison d’une véritable révolution de la vie politique elle-même, qui est passée du tout présentiel/papier au “tout numérique” ou presque.
« La digitalisation du métier est engendrée par la digitalisation de la vie publique, permise grâce à la généralisation de l’open data ».
Le développement de ces outils a répondu à une nécessité. D’une part, l’éclatement des forces politiques et la majorité relative rendent caduques les traditionnelles alliances et obligent le professionnel des affaires publiques à « muscler » son volet intelligence. D’autre part, l’inflation législative rend le travail de veille toujours plus dense et complexe.
Ce constat est partagé par Robin OSMONT, qui observe depuis 3 ans une phase de digitalisation importante en France dans le secteur, puisque l’année 2020 est considérée comme le point de départ de la digitalisation des affaires publiques. « C’est finalement assez tardif par rapport à d’autres secteurs comme la legaltech ».
Ce « retard » s’explique notamment en raison de la taille plus faible du secteur mais également par la nécessité d’avoir, parmi les développeurs d’outils digitaux, des personnes aux compétences et connaissances transversales pour pouvoir combiner les processus technologiques et l’expertise en affaires publiques.
Concrètement, le digital n’est pas là pour remplacer l’humain et le consultant, il est seulement présent en accompagnement des différentes tâches. En effet, les outils comme Dixit ne mènent pas de coalitions, de rendez-vous, de stratégies, de travaux d’analyse… mais constituent un soutien important aux travaux des cabinets de conseil comme EURALIA.
Le digital permet avant tout de gagner du temps sur les tâches à plus faible valeur ajoutée comme la recherche d’information, la veille et la surveillance des réseaux sociaux par exemple.
Du point de vue du consultant, Mathilde BONVILLAIN-SERRAULT reconnait divers types de valeur ajoutée des outils dans la pratique des affaires publiques : les outils collaboratifs ont permis de repenser les relation consultant / client, les outils de veille permettent d’aller plus vite tout en étant plus exhaustif et en élargissant en conséquence le champ des possibles, ce en offrant des possibilités extrêmement efficaces de visualisation des résultats.
Pour autant, au-delà des opportunités nouvelles, la démocratisation des outils digitaux comporte son lot d’enjeux : comment discerner les outils qui sont porteurs d’un réel intérêt des outils « cosmétiques” qui n’apportent pas de réelle valeur ajoutée à la pratique de nos métiers, quels sont les besoins réels des organisations que nous accompagnons, comment accompagner le développement des compétences des consultants à l’utilisation de ces outils qui ont un coût ?
On entend beaucoup parler ces derniers temps d’intelligence artificielle mais il reste beaucoup de mécanismes simples à établir pour digitaliser les process des affaires publiques avant de développer des modèles complexes d’intelligence artificielle : le développement d’alertes automatiques pour les évolutions d’un dossier législatif ou bien l’extension des outils existants à d’autres périmètres – européens notamment -, semblent deux objectifs prioritaires.
Il s’agit d’ailleurs d’un parti-pris chez Dixit de digitaliser avant toute chose les tâches simples avant de s’attaquer au machine learning ou d’autres modèles d’IA. « Actuellement, le plus simple est d’écouter nos clients pour identifier ce qui est automatisable et de faciliter ce processus ».
D’autant plus qu’il existe préalablement un enjeu d’intégration de l’IA au sein des outils existants.
Il est intéressant d’observer ce qui se passe aux Etats-Unis avec le développement d’un certain nombre de PolTech qui sont capables d’analyser des millions d’informations (projets de loi, amendements, votes au Parlement, interventions médiatiques, réseaux sociaux des élus, etc. ; pour tenter d’en tirer du sens) – avec un succès mitigé jusque-là.
En conséquence, il devient nécessaire pour ces professionnels de s’adapter aux changements à venir en valorisant l’intelligence et l’expérience, en mettant toujours plus de conseil, d’analyse et de “flair politique” au cœur des missions réalisées pour le compte des organisations qu’ils accompagnent.